Extrait d'entrevue : l'impact du cannabis

 

Extrait - MitsouMag (2018) - sujet : la consommation de cannabis chez les jeunes.

Docteur Antoine Kanamugire, psychiatre et auteur du livre "Les 21 vérités cachées sur la Marijuana.”

- Vous parliez du cerveau… Quelles sont les parties du cerveau les plus touchées lorsque l’on consomme?

- Le cortex frontal, par exemple. C’est une partie du cerveau qui se développe vers l’âge de 20 ans et qui est impliquée dans la concentration, la prise de décision et la planification. Le cannabis vient alors interférer avec le développement. Il peut y avoir des conséquences à long terme.

La partie qui gère les émotions, l’agressivité, l’émotivité, peut être touchée aussi, et mettre le consommateur en crise de panique et en trouble dépressif.

- Comment réagissez-vous lorsqu’un jeune se présente chez vous en consultation ?

- En premier lieu, on va essayer de dresser son portrait. Faire le lien entre ce qui se passe dans sa vie et pourquoi, ET la consommation. Lui ne se rendra pas compte du lien entre sa consommation et son échec scolaire, par exemple. Il faut savoir que la consommation de cannabis enlève la motivation. Souvent, un jeune arrive chez nous déprimé mais il ne souffre pas de dépression majeure; il souffre de démotivation due à la consommation. 

- Après un passage aux urgences, est-ce que les jeunes consommateurs sont ouverts à arrêter la consommation ? 

- Certains, oui, surtout s’ils se retrouvent avec des hallucinations etc… Certains sont aussi prêts à aller en thérapie.  

- Quel est le danger d’une consommation régulière ? 

- Si l’on consomme de la drogue à répétition, le cerveau s’habitue à l’effet de la dopamine (hormone du plaisir). Plus on en consomme, plus il nous faudra ensuite en consommer pour ressentir le même plaisir. Et plus la consommation en THC (tétrahydrocannabinol - principal composant psychoactif du cannabis – qui provoque, par la libération de la dopamine, la sensation de “high/bien-être”) est élevée, plus les risques sont élevés pour notre santé mentale.

- Dans votre livre, on peut lire que le cannabis est la substance qui cause le plus de dépendance dans le monde, après l’alcool et le tabac. Quand risque-t-on de tomber “en dépendance” ?

- On sait que 50% des risques de dépendance sont associés au bagage génétique (avoir quelqu’un dans la famille qui est “dépendant”, drogue/alcool...). Mais il y a aussi des facteurs sociaux, biologiques, environnementaux, psychologiques qui entrent en ligne de compte. 

On risque de tomber en dépendance si on se met à consommer pendant des périodes de détresse ou d’incertitude - difficultés au niveau familial, maladie, décès, difficultés financières, échec scolaire, abus… -. La drogue va temporairement soulager cette souffrance et le cerveau va alors capoter “wow, ça allège ma souffrance, ça me fait du bien sur le moment, ça calme mes angoisses !”… C’est sûr que dans ces périodes-là de fragilité on aura tendance à consommer davantage. Et c’est dangereux.  


Rappel : Si le cannabis a un impact sur le cerveau, peu importe l’âge, chez les moins de 25 ans, le cerveau sera davantage affecté par la consommation puisque son développement n’est pas fini !



 
VivresseAlexandra Filliez