Et eux?

Adolescence, amitié et pandémie

Elles viennent d’avoir quatorze ans. Elles se connaissent depuis toujours, ou presque.

- Il y a seulement vingt jours durant lesquels on n’a pas été amies, c’est quand Romane n’était pas encore née…

- Dès que je suis arrivée sur Terre, on ne s’est plus lâchées, avec Léo. 

- Sauf quand elle habitait aux Etats-Unis, mais là encore, on se parlait souvent…

Complicité, intensité et hormones qui battent leur plein… Comme des millions d’autres ados à travers le monde, Romane et Léonie traversent 2020-2021 en jonglant du mieux possible avec le combo «masques/confinements/déconfinements».

Leur amitié, au milieu de tout ça, comment se porte-t-elle ?

Les deux filles sont unanimes : malgré un ras-le-bol actuel, la leur se porte à merveille.

Romane : Pendant le premier confinement, l’an dernier, on se parlait tout le temps au téléphone. Moralement, ça allait. On avait le droit de sortir, alors je promenais mon chien et je passais devant chez Léonie pour qu’on puisse se voir de loin. Plus tard, quand on a pu passer du temps ensemble, j’ai trouvé ça vraiment génial.

Léonie : Oui, quand les règles se sont assouplies, ça a été la folie ! Je trouve que cette année a renforcé notre amitié. Aussi, pendant les confinements, quand je n’avais pas le moral, c’est Romane qui me faisait tenir.

Romane : Je trouve aussi que cette année a renforcé notre amitié. Maintenant, si on n’est pas ensemble physiquement, on s’appelle ou on s’écrit. On pourrait passer vingt-quatre heures sur vingt-quatre ensemble !

- Avril 2021. Comment vous portez-vous ?

Romane : Bien. On continue à respecter les règles, et en classe, on porte les masques. Sinon, aucun match de volleyball n’a lieu, mais les entraînements continuent. Pour le reste, on s’habitue mais ça devient quand même pesant.

Léonie : Heureusement qu’il fait beau et qu’on peut sortir. Mais cet hiver, j’ai trouvé le temps long; on ne pouvait même pas aller à la médiathèque pour changer d’air. Au moins, ici, on peut recevoir des gens chez nous, je sais que ce n’est pas partout comme ça.

- Ce que vous préférez dans votre amitié ?

Romane : Nos fous rires ! On rit sur tout. Lundi dernier, au volley, on a attrapé un fou rire incontrôlable… L’entraîneur s’est fâché puis nous a sorti du jeu…

- Les fous rires interdits sont les meilleurs, non ?

Léonie : Oh oui ! Et ça nous arrive tout le temps. Quand l’entraîneur nous demande ensuite si on regrette, et qu’on est bien obligées de lui répondre « oui », il ne faut surtout pas qu’on se regarde, sinon c’est reparti pour rigoler encore plus fort. Nos meilleurs souvenirs sont vraiment ceux où on se marre.

- Comment vous imaginez-vous, plus tard ?

Romane : Dans dix ans, on sera co-locataires.

Léonie : … Et si un jour j’ai un enfant, Romane sera sa marraine.

Romane : Mais tu ne veux pas d’enfant !

Léonie : Ah oui. Alors, si je devais en avoir, ce serait toi la marraine.

Romane : Pareil. Aussi, on a décidé qu’on allait mourir ensemble. Mais avant ça, on va rire énormément et réaliser plein de projets…

Léonie : Comme la cabane dans la forêt qu’on devait faire il y a quatre ans…

Romane : On va s’y mettre. Et il y a le « règlement », qu’on vient d’écrire.

- C’est-à-dire ?

Léonie : Le règlement des Best Friends Sisters For Ever de l’Univers. Voici quelques règles :

1. Toujours tout dire à sa BFF.

2. Essayer de ne jamais se sous-estimer.

3. Toujours se réconcilier avec sa BFF.

4. Manger des “Oreo” pour toute la vie.

5. Toujours prendre parti de sa BFF lors d’un conflit. On continue ?

- Non, c’est parfait. Vous avez de la chance de pouvoir vous confier l’une à l’autre en toute confiance. Ce n’est pas le cas de tous les adolescents, je suppose…

Léonie : Probablement. Nous on se dit tout.

Romane : Je vois pas mal de gens autour de moi qui sont renfermés sur eux-mêmes. Je ne sais pas comment ils font. Moi j’ai besoin de dire à Léonie des choses qui me rendent triste ou joyeuse. Impossible de m’imaginer garder ça pour moi.

Léonie : Quand Romane arrive le matin et qu’elle me raconte des choses joyeuses, je suis sûre de m’en rappeler à vie parce qu’elle me le répète au moins quarante fois. J’adore ! Je connais tout de sa vie et elle connaît tout de la mienne. Dès qu’il y a quelque chose qui ne va pas, on se voit avant l’école pour en parler.

Romane : On parle ou on s’écrit sur absolument tout. Quand les parents nous énervent, on s’écrit le soir. Le problème, c’est qu’ils voient ensuite sur l’Ipad les méchancetés qu’on dit sur eux… Pas de bol.

- J’imagine que vous avez une bande d’amis. A quoi ressemble-t-elle ?

Léonie : On a plusieurs bandes, en fait. Certains de mes amis sont dans ma classe, d’autres non; ça dépend. Je traîne plutôt avec des filles, même si c’est assez mixte.

Romane : Moi, l’an dernier, j’étais beaucoup plus souvent avec des potes garçons. Cette année, je me tiens aussi presque toujours avec des filles, et comme dit Léonie, il y a plusieurs groupes. C’est très mélangé, je trouve ça cool.

- Trouvez-vous que vos parents ont été plus permissifs avec vous, depuis le début de la pandémie ?

Léonie : J’ai l’impression que les miens me laissent plus de libertés, oui, mais parce que je grandis, pas à cause de la pandémie.

Romane : Les miens ont été plus relax qu’à l’habitude, il me semble, surtout l’été dernier quand les règles étaient moins strictes.

- Êtes-vous contentes d’avoir quatorze ans ?

Romane : Assez, mais j’ai quand même hâte de l’an prochain pour pouvoir rencontrer de nouvelles personnes et changer d’école. Je m’ennuie un peu en ce moment…

Léonie : Tout pareil. J’ai hâte de changer d’environnement.

- Vous allez faire quoi, là ?

Léonie : On part à l’entraînement ! On va essayer de ne pas se faire sortir, cette fois (rires).

Romane : Et après, comme chaque soir, on va s’envoyer des messages pendant des heures…

Merci les filles !

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Alexandra Filliez